
Un film documentaire Moufdi Zakaria, le poète de la Révolution, du réalisateur Saïd Oulmi, a été projeté samedi dernier, au Centre culturel algérien à Paris, dans le cadre du cinquantenaire de l’indépendance nationale, en présence d’un public venu nombreux. Ce documentaire de 72 mn, revient sur les différentes étapes du parcours militant et révolutionnaire de ce grand homme de lettres, auteur de l’hymne national «Qassaman», et retrace longuement les conditions dans lesquelles a été composé et enregistré cet hymne national.
Le documentaire confronte archives, articles de presse, correspondances et manuscrits du défunt, photos et témoignages inédits d’hommes politiques, d’historiens, algériens et maghrébins, ainsi que des membres de sa famille, et d’anciens condamnés à mort qui ont côtoyé le poète durant ses nombreuses détentions par l’administration coloniale. Les qualités morales, l’âme révolutionnaire, et la force de caractère de ce militant de la cause nationale, qui a passé plus de sept ans dans les geôles coloniales, ont été longuement évoquées par les nombreux témoins cités par le documentaire et qui ont insisté sur la dimension humaine de celui que ses compagnons de lutte ont qualifié d’«homme libre». «C’est lui qui stimulait notre courage et nous rendait l’espoir lorsque nous étions désespérément au fond de nos cellules, par des mots simples,
nous transmettant sa détermination pour continuer à nourrir l’espoir d’une Algérie libre et indépendante», ont témoigné ses compagnons de cellule, soulignant sa grande capacité de mobilisation. «Il avait le pouvoir d’ébranler nos consciences», ont-ils également ajouté à propos de ce poète «qui a passé sa vie à libérer sa patrie l’Algérie des chaînes de l’esclavage pour l’amener vers les lumières du savoir et d’une vie heureuse», en allusion aux propres mots de Moufdi Zakaria. «Par ce documentaire, je voulais rendre hommage à un grand poète et militant de la cause nationale, à une personnalité exceptionnelle qui a marqué de son empreinte le cours de la Révolu-tion», a déclaré à l’APS, le réalisateur Saïd Oulmi. «Les gens ne connaissent Moudfi Zakaria qu’à travers l’hymne national, alors que son parcours révolutionnaire ne s’arrête pas là. Il a défendu la cause nationale par sa plume, et ses mots étaient aussi percutants que des balles», a-t-il ajouté. «Je voulais donc mieux faire connaître cette personnalité emblématique, dévoiler son riche parcours militant, et contribuer même modestement à l’écriture de notre histoire nationale», a-t-il poursuivi. Ce travail documentaire a nécessité plus de deux ans de travail de recherche pour récupérer de précieux documents dont certains sont conservés par l’ENTV, alors que d’autres se trouvent au Maroc et en Tunisie où le poète a séjourné, a confié M. Oulmi qui a déploré que de nombreuses archives n’aient pu être récupérées à ce jour.
Présent lors de cette projection consacrée au combat libérateur de Moudfi Zakaria, de son vrai nom Ben Slimane Chikh, son fils, M. Slimane Chikh, président de la Fondation éponyme, ancien ministre, ambassadeur et coordinateur de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) à Genève, a indiqué que le poète connaissait parfaitement toutes les régions d’Algérie. «Cela lui a permis de se rapprocher davantage des militants de la cause nationale à l’époque, d’autant que l’activité commerciale qu’il exerçait en parallèle lui permettait beaucoup de déplacements et il en profitait pour distribuer discrètement des tracts appelant à la lutte armée», a-t-il dit. «Tous les bénéfices qu’il tirait de son activité de grossiste en textile étaient directement versés au fonds de la Révolution», a-t-il déclaré lors du débat. Il a également indiqué que la fondation qu’il préside se consacre actuellement à rassembler tous les poèmes du défunt qui n’ont pas été publiés de son vivant dans un recueil intitulé «Amjadouna Tatakallam», alors qu’un autre recueil comprenant d’autres œuvres poétiques verront le jour très prochainement, dont notamment le poème «Al Djazaïr Ya Ardh el Modjizat» que chantait la défunte Warda El Djazaïria. Un autre recueil, composé des nombreux articles de presse de Moufi Zakaria, sa correspondance, ainsi que les textes de chansons qui ont été interprétées par des artistes algériens, tunisiens et autres, est également en cours de réalisation. Moufdi Zakaria rejoignit les rangs du FLN en 1955 quelques mois après le déclenchement de la lutte armée.
Et c’est au cours de l’été 1955 qu’il composa l’hymne de la Révolution algérienne «Qassamen». Il ne tarda pas à être arrêté en 1956 par les forces coloniales et fut déplacé de 1956 à 1959 de la prison de Barberousse à celle de Maison Carrée (El Harrach) et de Berrouaghia. Libéré en février 1959, il quitte clandestinement l’Algérie pour se réfugier au Maroc puis en Tunisie où il collabora jusqu’à l’indépendance comme journaliste, à l’organe central du FLN, le journal El Moudjahid en langue arabe. Sa production littéraire a été particulièrement féconde durant cette période, et ses nombreux poèmes ont été regroupés dans un recueil «Al Lahab Al Moukaddas».
Après l’indépendance, il se consacre à la réalisation d’un rêve qui l’a toujours obsé-dé : l’unité du Grand Maghreb. Il l’appela de tous ses vœux à travers ses poèmes et par la publication en 1965 d’un grand recueil des entreprises économiques des pays du Maghreb intitulé, «Annuaire du Grand Maghreb Arabe», destiné à favoriser le partenariat entre les entrepreneurs économiques de la région. Ses différents séjours en Tunisie et au Maroc et les poèmes qu’il leur a dédiés lui ont valu le titre de «Poète du Grand Maghreb». Mais ce fut sans conteste l’Algérie qui a été au cœur de ses préoccupations. Sa dernière œuvre fut en effet «l’Iliade algérienne», un grand poème dédié en 1972 à l’Algérie.
Cet hommage rendu à Moufdi Zakaria s'est achevé par une soirée de musique et de chants du M'Zab.
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